Le mode d'occupation

Il n’y pas à Djerba de centre de population bien important ni de village proprement dit. Les habitations étant dispersées, le groupement en village tel qu’il existe aujourd’hui est plutôt administratif que réel comme le cas des deux centres commerciaux et administratifs : Houmt Essoug et Midoun. "Ici il n’y a ni ville ni compagne séparées. C’est l’interpénétration de ces deux types de peuplement : une sorte de banlieue diluée". [S.E.Tlatli, L’île des Lotophages]
Le nom de ces groupes est composé d’un ou de plusieurs mots généralement précédés du mot houmt, quartier. Alors que les deux quartiers Hara Kébira et Hara Esghira présentent l’aspect habituel des quartiers juifs : des ruelles étroites, dans lesquelles la perspective est sans profondeur.
Généralement, l’habitat groupé s’explique par la rareté des points d’eau et l’habitat dispersé par leur abondance. Ce qui contraste avec la réalité djerbienne, pour laquelle l’éparpillement des terres cultivables, le morcellement foncier et l’attachement du djerbien à sa terre ont contribué à cet essaimage résidentiel.
La dispersion des mosquées est aussi typique de cette île. A Djerba, les lieux de prière sont restés généralement isolés, permettant un accès facile des fidèles. De ce fait, on constate un essaimage des édifices religieux, alors que le plus souvent de par le monde, les lieux de culte ont pour effet de coaguler le peuplement et de cristalliser le village autour du clocher ou du minaret. A Djerba, la plupart des 266 mosquées se dressent isolées en rase compagne. De ce fait ces édifices religieux sont rarement devenus le centre d’un hameau ou d’une localité.
Les djerbiens, comme tous les insulaires, vénèrent la mer mais en ont une peur justifiée. C’est pour cela que les côtes ne sont pas peuplées par des groupements d’habitations qui sont tous en retrait à l’intérieur de l’île. Par contre, des mosquées et des bordjs à caractère utilitaire et défensif se dressent sur les 125m de côtes djerbiennes.

Le Menzel est la notion jamais comprise par un étranger ; ce n’est pas le quartier, ce n’est pas la tribu, ce n’est pas la famille, c’est un mélange de tout cela. Cette notion typique de l’île se définit comme un mode d’implantation exprimant l’originalité de l’habitat traditionnel djerbien. Il s’organise en différentes composantes dont les principales sont la maison ou ‘le houch’, le lieu de travail ou l’atelier, le lieu de culte et de culture qu’est la mosquée et ‘la medressa’, le jardin ou le ‘jenen’, et la maison des invités isolée ou mekhzen eddiyaf.


Le Menzel, véritable cellule de la vie djerbienne, est destiné à maintenir le déroulement d’un quotidien aux multiples activités. Il se dresse sous l’aspect d’un jardin clôturé et implanté d’arbres, comportant une ou plusieurs maisons. Les habitants de chaque Menzel vivent de façon indépendante et se suffisent à eux-mêmes grâce à leurs ressources agricoles et artisanales.
- Ajim : le plus important port dans l’histoire de l’île et le lieu d’ancrage du bac reliant actuellement l’île au continent. C’est une petite localité agricole dont l’économie était basée sur la mer et la pêche et qui est en train de changer de mode de vie.
- Midoun : deuxième centre urbain de l’île après Houmet Essoug, actuellement elle est animée par sa vocation touristique alors que la région était réputée, il y a quelques décennies, par ses champs fertiles. Une grande partie de la zone touristique de l’île s’y trouve. La population y est un mélange d’étrangers et de tunisiens venant du continent pour travailler dans les hôtels de Djerba.


- Houmet Essoug : la plus grande et plus ancienne grande agglomération de l’île, héritière de Méninx. C’est le centre économique et administratif de l’île. Malgré la croissance urbaine qu’a connue la ville au fil du temps, le centre ancien est resté le cœur battant de la ville. Ce noyau ancien est un tissu de type médinal où l’étroitesse et la sinuosité des rues et passages ne permettant qu’une circulation piétonne. Son aménagement est caractérisé par une succession de placettes communicantes, considérées comme des ’patios urbains’ et constituant un lieu de convivialité et de pratiques sociales. Le village, en lui-même, n’offre rien de particulier. C’est une agglomération un peu confuse de maisons construites où la population immigrée s’est groupée.



 
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